Surqualifié ? 5 conseils pour rassurer le recruteur et obtenir le job

À cause de la conjoncture - ou d’une mauvaise expérience - vous postulez à un emploi qui semble en-dessous de vos compétences. Pas évident. Voici comment convaincre le recruteur que vous voulez vraiment le poste et que vous allez assurer.

1. Soigner sa lettre de motivation

Conjoncture oblige, Philippe Hemmerlé, directeur du cabinet CV First, est passé maître dans l’art du conseil pour remanier une lettre de candidature. « En temps de crise, on accompagne de plus en plus d’anciens directeurs généraux qui postulent à des postes de “simples” directeurs commerciaux. Ils doivent vraiment formuler leurs lettres de motivation avec soin », explique-t-il.
But de la manœuvre : parler de spécialisation pour combattre l’idée d’une apparente régression. « Pour décrocher un entretien, il faut se concentrer sur le poste proposé et ses compétences pour l’exercer. »
Sofia Rufin confirme. Consultante chez Fuxor Coaching & Conseil, elle suggère d’adapter son CV au poste convoité, sans rien retirer de son parcours. « Si vous détaillez vos compétences opérationnelles tout en mentionnant, en bref, votre expérience en management, vous ferez passer un message important. » L’idée ? Non, je ne suis pas surqualifié : j’ai plus de valeur ajoutée, nuance.

2. Comprendre les inquiétudes du recruteur et le rassurer

Que pense un recruteur qui reçoit une candidature surqualifiée pour un poste ? Pas forcément du bien. « Le recruteur veut trouver le profil qui convient à son offre mais aussi le garder sur le long terme », analyse Stéphanie Roels, directrice du cabinet Elysée Coaching.
Cette ancienne responsable en ressources humaines devenue consultante en gestion de carrière connaît bien les impératifs d’un recruteur. « Quand un profil lui paraît surdimensionné, il a besoin d’être rassuré sur la motivation et la stabilité du candidat. Va-t-il continuer de chercher un poste à l’extérieur ou chercher à évoluer trop vite dans ses fonctions ? »
Or une erreur de casting se paie parfois au prix fort. Si le candidat démissionne trop vite, il ruine un processus de recrutement souvent long et coûteux. A contrario, s’il reste en poste tout en pensant mériter mieux, il deviendra vite gourmand ou démotivé. Et difficile à licencier.

3. Être clair sur ses objectifs

« Pour convaincre le recruteur, il faut faire passer l’idée que ce poste “inférieur” correspond surtout à un souhait d’évolution, explique Philippe Hemmerlé. Après avoir occupé plusieurs postes, rien ne vous interdit de vouloir vous spécialiser dans une fonction où vous vous êtes déjà distingué et épanoui. Dès lors, il faut rester factuel et se montrer sous son jour le plus opérationnel. »
Autrement dit : vous devez vous projeter dans l’exercice de la fonction pour rassurer le recruteur. Mais cette démarche ne servira à rien si le candidat, lui même, n’est pas le premier convaincu. « S’il y va à reculons, le recruteur le sentira », insiste Stéphanie Roels.
C’est pourquoi la coach recommande à chaque candidat d’analyser d’abord sa situation de façon pragmatique. « J’appelle cela le principe d’acceptation. On peut composer avec le marché tout en gardant son ambition intacte. Plus personne ne pense s’enterrer toute sa vie dans la même entreprise. »

4. Les questions à ne pas poser

Dans ces conditions, autant dire qu’il vaut mieux éviter certaines questions en entretien. « Bien sûr, on peut toujours espérer secrètement une future promotion dans l’entreprise, mais mieux vaut ne pas en parler ouvertement pour ne pas dissuader le recruteur, ajoute la coach. Idem pour la rémunération : il serait très prématuré d’envisager une rapide évolution salariale ! »
Selon la consultante, il faut surtout rassurer le recruteur sur son implication dans le poste à long terme et lui promettre une – certaine - stabilité. « Aujourd’hui, il est devenu courant d’envisager sa carrière comme une succession d’expériences d’environ deux ans », relativise Stéphanie Roels.

5. Lui donner l’impression qu’il fait une affaire

« Le recruteur s’inquiètera peut-être que vous soyez frustré dans un poste sous-dimensionné par rapport à votre profil, prévient Sofia Rufin. Dans ce cas, dites simplement que vous avez accepté certaines fonctions dans le cadre d’une évolution de carrière, mais que vous préférez vous recentrer sur ce que vous aimez vraiment.»
L’enjeu, selon Philippe Hemmerlé, est de donner au recruteur l’impression, souvent justifiée, qu’il fait… une affaire. « Si vous avez déjà occupé des fonctions d’encadrement, valorisez les qualités de communication et l’autonomie que vous avez déjà acquises. » Mais sachez aussi quoi répondre si vous devez consentir à un léger sacrifice financier. « Dites que vous êtes prêt à accepter un salaire plus faible pour un travail plus intéressant ou qui vous correspond mieux. Ca marche à tous les coups. »