Lettre de motivation : les mots et les expressions qui tuent

Votre lettre de motivation donne la première bonne impression à votre futur patron. Vous avez tout intérêt à faire preuve de concision et précision, qui traduisent votre conscience professionnelle et votre esprit de synthèse. Une bonne impression pour être sélectionné.

« Je »

Le moi est haïssable. Donc évitez « Je » autant que possible. Commencer une lettre par « Je », et vous êtes sûr que l’acuité de lecture de votre lecteur décline aussitôt. Préférez le « vous », qui interpelle votre destinataire, il va se sentir concerner, car ce « vous » devient son « Je ». Nous sommes tous des égocentriques. Réussir la rédaction d’une lettre de motivation sans « Je » est un exercice délicat. Le mieux est de se retenir jusqu’à la dernière phrase.Une conclusion comme « j’attends avec impatience votre réponse et vous remercie de votre attention » devient « Merci pour votre temps. »

“Je pense”

“Je pense” ou “Je crois”, autant de déclarations qui affaiblissent les propos. “Pour telle ou telle raison, je crois que je serais efficace dans votre entreprise.” Si vous pensez seulement ou croyez que vous êtes bien pour ce poste, pourquoi voulez-vous que le responsable du recrutement soit lui convaincu ? Vous devez être aussi convaincu, sans pour autant vous montrer arrogant, car vous apportez arguments et références qui confortent votre affirmation.Penser, croire et sentir sont des verbes de la même famille et affaiblissent votre écriture. Ne l’écrivez pas, démontrez-le.

Vraiment/Très

Ces mots bien intentionnés apparaissent dans l’écriture comme des tics verbaux. Enlevez-les, le sens reste le même tout en renforçant votre écriture. Entre « Je suis très motivé à travailler dans une entreprise comme la vôtre » et « Je suis motivé à travailler dans une entreprise comme la vôtre » il n’y a pas grande différence.L’adverbe sert à modifier le sens d’un verbe, d’un adjectif qualificatif ou d’un autre adverbe, il n’est pas obligatoire pour que la phrase soit bien construite. Traquez les adverbes et supprimez-les sans pitié.

Les « choses »

Ce terme « chose », paresseux, passe-partout, au sens multiple et mort, prend la place précieuse d’un mot plus spécifique qui frapperait l’esprit du lecteur. Au lieu d’indiquer « Je voudrais attirer votre attention sur plusieurs choses de mon expérience », remplacer « choses » par« responsabilités », ou « réussites » ou « capacités ».Les vocables utilisés doivent avoir une puissance de signification et d’évocation.

Etre et avoir

Les verbes « être » et « avoir » sont vides de sens et, associés au participe passé d’un verbe ils servent à la conjugaison des temps composés. Dépourvus d’image, de contenu émotionnel ou de richesse d’information, ils alourdissent le style qui peut paraître scolaire donc peu mature.Préférez les verbes qui expriment une action. Au lieu de « J’étais chef d’une équipe de vente », choisissez « Animateur d’une équipe, nous avons réussi… ». Supprimer parfois le verbe dans une phrase, le sens reste le même et s’en trouve densifié.

Les clichés

Tout le monde se dit « cadre dynamique », mieux vaut le prouver par des chiffres et des résultats que par l’affirmation. Jargonner peut agacer votre interlocuteur. Utilisez les termes techniques dans votre CV pour spécifier votre niveau de qualification, mais dans votre lettre de motivation restez-en au français de base. Conjuguez les verbes au passé ou au conditionnel donne de vous une image d’hier ou de velléitaire. Préférez le présent ou le futur. C’est de ce temps que veut parler votre prochain patron.

Des phrases longues

Tout le monde connaît l’aphorisme : « Je vous écris une longue lettre parce que je n’ai pas eu le temps d’en faire une courte ». Le temps de votre interlocuteur est précieux, et votre courrier sur papier ou numérique doit lui en faire gagner.Des phrases courtes, construites simplement, un sujet-un verbe-un complément. Evitez la proposition subordonnée fleuve qui égare le lecteur.Dès le début de votre texte, vous devez prendre sa main et le conduire jusqu’à l’action de vous inviter à un rendez-vous.

Une conclusion molle et passive

Vous arrivez à la fin de votre courrier, le moment de susciter une action. Au lieu de terminer par des politesses alambiquées du type « Espérant une réponse favorable, je vous prie de bien vouloir agréer l’assurance de ma considération distinguée… » qui induit une attitude passive, préférez l’annonce de votre action du type « Je prendrai l’initiative de vous contacter pour savoir la suite que vous réservez à ma démarche. »

Trop parler de vous

Une lettre de motivation qui amène tout naturellement le recruteur à vous proposer un rendez-vous parle plus de ce dernier et de l’entreprise que de celui qui l’écrit. C’est évident que vous cherchez un emploi. N’écrivez pas du bien sur vous, mais écrivez tout le bien que retirera l’entreprise en vous recrutant.Encore une astuce : supprimez toute forme négative qui ralentit la lecture et instaure une ambiance de refus dans votre courrier.