réactiver les ambitions d’égalité salariale malgré la crise
Pour beaucoup d’entreprises, 2020 a été une année de survie plutôt que de prospérité. Le passage à un modèle de travail en distanciel a posé des défis de logistiques tant sur les aspects technologiques qu’organisationnels. En outre, la dynamique de travail au sein des entreprises a changé : fini les pauses café et les déjeuners en équipe, les conversations informelles dans les couloirs et les pots entre collègues.
Pour garder cette cohésion entre les salariés, il a fallu être imaginatifs et penser à de nouveaux formats pour que la culture d’entreprise continue à vivre, et que les salariés gardent le moral alors qu’ils doivent travailler toute la journée seuls devant leur ordinateur. Si dans l’ensemble, les entreprises se sont plutôt bien adaptées pour continuer leurs activités, certains défis sont repassés au second plan, notamment l’égalité salariale entre les femmes et les hommes.
la crise a permis de démontrer que les femmes s’en sortent tout aussi bien, si ce n’est parfois mieux, Bien sûr tout n’est pas que négatif puisque la crise a permis de démontrer que les femmes s’en sortent tout aussi bien, si ce n’est parfois mieux, que les hommes lorsqu’il s’agit de s’adapter à de nouveaux modes de travail. Mais pourquoi cela est-il encore occulté ?
Conséquences positives et négatives pour les femmes
D’après une étude de HubSpot[2], les répondants s’accordent à dire à 60% que les femmes ont excellé pendant la pandémie. On leur reconnaît la capacité d’allier efficacité et bienveillance au travail et d’avoir pu, notamment, aider à faire progresser cette dynamique au sein de leurs équipes.
La crise a par ailleurs permis de créer un environnement de travail moins compétitif et plus collaboratif, ce qui a eu un impact positif sur l’égalité des sexes sur le lieu de travail.
Néanmoins, le Forum Économique Mondial a dressé une autre conséquence de la crise moins réjouissante et plutôt alarmante. En effet, la crise sanitaire aurait retardé de 36 ans le temps nécessaire pour combler les écarts entre les femmes et les hommes. Si ce retard ne pourra pas être rattrapé par miracle, comment ralentir cette spirale infernale ?
Pour le moment, ce que l’on constate sur le terrain est au même titre mitigé. Nous voyons à la fois que le travail à distance a donné la possibilité aux femmes d’assumer de nouveaux rôles et responsabilités, et qu’en même temps il y a encore un fossé en matière de rémunération.
Et le législatif dans tout ça ?
Que les retards s’accumulent à cause d’une crise est bien désolant, mais le non-respect des lois, par contre, n’est pas compréhensible. Il y a bientôt 49 ans, le 22 décembre 1972, une loi relative à l’égalité de rémunération prévoyait dans son articler 1er que « tout employeur est tenu d’assurer, pour un même travail ou pour un travail de valeur égale, l’égalité de rémunération entre les hommes et les femmes ».
Peu importe le genre de l’employé, c’est l’efficacité et le temps de travail qui sont déterminants pour fixer un salaire. Ne faut-il donc pas jouer la transparence totale à tous les niveaux et, pourquoi pas, imposer à toutes les entreprises de communiquer sur les critères d’attribution de salaire ? Il s’agit d’un projet ambitieux mais prôner l’égalité nécessite peut-être aussi des mesures coup de poing. Si d’autres critères peuvent parfois rentrer en jeu (profil d’une ou d’un candidat qui nécessite une rémunération plus élevée pour diverses raisons), alors comment faire respecter une loi de près d’un demi-siècle qui n’est toujours pas respectée ?
Il reste beaucoup de travail à faire
Les préjugés sexistes sur le lieu de travail ne sont pas nouveaux et malheureusement persistent. Il est surtout décevant de constater que malgré la crise, des conditions plus équitables sur le lieu de travail ont été possibles pour tous. L’inégalité salariale entre les sexes reste pourtant un sujet majeur non résolu. Les entreprises doivent récompenser les personnes sur un pied d’égalité. Il y a sûrement des cas où des hommes sont moins bien payés que des femmes pour les mêmes postes. Cela est-il juste ? Absolument pas, dans ce sens comme dans l’autre, c’est avancer à contre-courant du principe de justice et d’égalité.
Pour que la société évolue et accélère sur ces questions, les entreprises doivent jouer le jeu. Nous vivons une période de changement passionnante, il incombe donc aux dirigeants de se mobiliser pour construire cet avenir nouveau, meilleur, plus juste et plus transparent.