Reconnaissance au travail : il n’y a pas que le salaire qui compte
Quand on parle de reconnaissance au travail, bien souvent on pense à la rémunération. Évidemment, c’est important mais il y a d’autres éléments qui sont essentiels pour se sentir reconnu et de rester motivé.
Rien de tel qu’une augmentation ou une jolie prime pour récompenser un salarié méritant. Selon une étude publiée en avril 2012 par Ipsos et Logica pour la société Endenred, 40 % des salariés français affirment que leur motivation diminue. Un chiffre deux fois plus élevé qu’en Allemagne. En cause, une rémunération jugée trop faible : 68 % des sondés se déclarent ainsi « insatisfaits » de leur pouvoir d’achat et 52 % citent leur salaire comme principale préoccupation. Mais l’argent, seul, fait-il le bonheur ? C’est plus compliqué que cela.
Donner du sens plutôt que des sous
Malgré leur insatisfaction en matière de salaire, 86 % des Français se déclarent « heureux » et « fiers de leur travail ». « La charge affective associée au travail en France demeure très forte », résume l’enquête.
Nicolas Bordas, président de l’agence de publicité TBWA confirme. Ce manager, qui aime à s’interroger sur la motivation de ses collaborateurs, essaie ainsi de leur donner du sens plutôt que des sous. « Comment retenir les talents quand Havas et Publicis payent mieux par exemple ?, s’interroge-t-il. Pour fédérer les équipes, on essaie de se positionner comme des leaders culturels de la profession avec une vraie réflexion sur le métier de demain. On essaie aussi de lancer des initiatives sociales qui donnent du sens. »
L’agence cite ainsi volontiers le réseau d’ateliers “Room 13” qui permet à des salariés bénévoles de donner des cours de création partout dans le monde, à commencer par Villetaneuse en Seine-Saint-Denis. De même, TBWA parraine une classe de BTS de communication du lycée Jacques-Brel à La Courneuve. « C’est une posture humaniste qui sert une logique utilitariste. Parce que des salariés plus heureux sont plus productifs. Au final, c’est un cercle vertueux. »
Donner son estime plutôt qu’une prime
Les besoins d’un salarié sont complexes. « Nous avons tous besoin de savoir que notre travail est utile, qu’il est bien fait, observe le consultant Aymeric Bouthéon. Nous sommes naturellement demandeurs d’une confirmation, d’une reconnaissance. L’auteur du livre 30 bonnes pratiques pour coacher son équipe cite notamment une technique qui ne coûte absolument rien. « C’est très important de savoir dire merci, de savoir dire bravo, mais ce n’est pas toujours le cas dans la vie courante. » Pourtant l’efficacité est garantie et prouvée.
« On en revient toujours à la pyramide de Maslow qui établit plusieurs catégories de besoins chez l’humain, analyse la psychothérapeute Juliette Allais, co-auteure du livre Trouver sa place au travail. Quand les besoinsphysiologiques et les impératifs de sécurité sont remplis, l’homme ressent un besoin d’appartenance, mais aussi d’estime. »
Le besoin suprême : celui de s’accomplir
Le célèbre psychologue américain Abraham Maslow distingue donc cinq grandes catégories de besoins. Avec, au sommet de la pyramide, celui de s’accomplir. « Il faut savoir dire merci aux salariés et le traduire matériellement, confirme Marc Leidelinger, le PDG-fondateur de FFT, un agence spécialisée en voyages d'affaires. Si un collaborateur est heureux, il est fidèle et il rend heureux nos clients. »
Pour exprimer sa reconnaissance, ce manager utilise quelques classiques (13e mois, PEL, tickets resto et bonne mutuelle par exemple). Mais pas seulement. « Il faut aussi aider les salariés à se projeter. J’essaie de faire venir un coach deux jours par mois pour aider les collaborateurs à analyser leurs besoins et savoir ce qui est bon pour eux. Si je le peux, j’aide volontiers un salarié à faire sa validation des acquis de l’expérience. Notre budget formation est aussi conséquent, au-delà des minimums légaux. »
La société Pepsico France l’a bien compris elle aussi : depuis trois ans, elle truste le premier rang du classement RH des entreprises où il fait bon travailler établi par l'Institut Great Place To Work. « Parmi les éléments qui ressortent de nos enquêtes, 92 % des salariés pensent apporter quelque chose à l’entreprise et 81 % sont satisfaits de leur équilibre entre vie privée et vie professionnelle », observe Laurence Julian, la directrice de la communication, qui, elle même, pratique le télétravail un jour par semaine comme 25 % des employés. « Il faut donner aux salariés le maximum de moyens de s’épanouir dans leur carrière. »